Test par Higgins (2004)

Ganbare Goemon (version japonaise)

Goemon fait depuis longtemps partie des séries à succès de Konami, tout du moins au Japon. Fidèle à sa stratégie, l'éditeur l'a portée sur de nombreux supports : arcade, MSX 2, NES, GameBoy, SNES, PlayStation, N64, PlayStation 2... Ganbare Goemon fut publié en 1991 sur SNES et trois autres épisodes le suivirent sur cette console, mais il fut le seul à bénéficier d'une importation officielle chez nous. Connu en version occidentale sous l'appellation de The Legend Of The Mystical Ninja, ce titre a renouvelé avec humour et panache le genre du jeu d'action / plates-formes.

L'histoire : Ebisumaru (Dr Yang) vient annoncer à Goemon (Kid Ying) que la superbe femme fantôme du temple sème la panique au village. Aussitôt, les deux compères décident d'aller la remettre dans le droit chemin. Si le début du scénario semble relativement classique, la suite est pleine de rebondissements et plutôt loufoque... Exemple : à la fin du premier niveau, un dénommé Koban demandera le plus sérieusement du monde à nos deux complices de venir en aide à son clan de chats ninjas ! Cette trame délirante à souhait les fera voyager à travers neuf régions d'un Japon médiéval plutôt bizarre.

  La séquence d'introduction   Le village de Goemon et Ebisumaru

Le déroulement de Ganbare Goemon est très particulier. Chaque niveau est composé de deux parties bien distinctes : d'abord une phase de préparation ressemblant à du RPG, puis une phase de plates-formes / action plus classique.

Généralement on commence dans un village, et comme dans une sorte de RPG simplifié il faut y collecter les informations et acheter les objets nécessaires à la poursuite de la quête. Les dialogues avec les autochtones varient suivant le moment où on les rencontre. Les marchands vendent de nombreux biens et services permettant principalement aux personnages de restaurer leur santé (ex : pizzas, nuits d'hôtel...) ou d'augmenter leurs capacités (ex : sandales, bombes...).

Le moyen le plus évident de gagner de l'argent est d'éliminer les voyous qui, une fois vaincus, laisseront à terre une petite pièce ou un bonus. Cependant il existe un moyen vraiment amusant et moins dangereux d'augmenter son capital : les mini-jeux proposés dans certaines boutiques. Ganbare Goemon en regorge : le labyrinthe aux trésors, le jeu de concentration, le quiz (ça ressemble à "Questions pour un Champion"), la peinture, le frappe taupes, le gobelin, le lancer de dés, la loterie, les courses hippiques, un clone d'Arkanoïd... Et on peut même jouer au premier niveau d'un hit légendaire de Konami : Gradius !

  Sur la route du temple...   Un boss

Ensuite vient la phase de d'action pure en vue de profil. Là on doit traverser des niveaux en sautant de plates-formes en plates-formes, en esquivant les pièges, et en éliminant les ennemis, pour finalement défier un boss. Aussi bien en ce qui concerne les décors que les adversaires, Konami fait une fois de plus la preuve de son talent : un fantôme semi transparent, un temple qui tourne sur lui même, un cerf-volant géant auquel se cramponne une troupe de ninjas, une immense cascade... L'ensemble est très varié et joliment réalisé, avec des effets spéciaux servant astucieusement le gameplay.

Goemon, le personnage "sérieux", se bat à l'aide d'une sorte de sceptre (une pipe ?) dont l'ultime stade d'évolution est un yoyo, et il peut également jeter des pièces magiques. Quant à Ebisumaru, le pitre, il utilise un étrange bâton (une flûte ?) pouvant devenir un sifflet de carnaval. Ganbare Goemon a l'avantage d'être jouable à deux joueurs simultanément. La coopération entre les deux joueurs ne se limite pas à leur présence concomitante. En effet, lors des phases d'action l'un peut monter sur le dos de l'autre. A ce moment, l'un frappe les ennemis tandis que l'autre gère les déplacements. L'idée est excellente, et sa mise en application aussi.

  Un des mini-jeux : Gradius !   Un marchand

Présentation :  =>  le scénario extravagant de Ganbare Goemon est efficacement mis en scène par une séquence d'introduction bien réalisée et des séquences de transition pleines d'humour.

Graphisme et design :  => le graphisme n'est ni très fin, ni très coloré, mais tout de même charmant par son style très japonais et humoristique. Les effets de transparence sont réussis.

Animation :  => les sprites bénéficient d'animations plutôt rigolotes, et les effets spéciaux (ex : déformation, rotation, zoom...) sont utilisés avec brio. De rares ralentissements sont à signaler, mais ils ne nuisent pas à la jouabilité.

Musiques et bruitages :  => d'excellentes musiques typiquement japonaises installent une atmosphère très orientale et dépaysante. Les bruitages sont dans la norme de ce qui se fait pour ce genre de jeux.

Durée de vie :  => neuf niveaux, c'est tout à fait honorable. Le jeu est facile pour commencer, puis le degré de difficulté monte progressivement jusqu'à devenir relativement élevé (mais rien d'insurmontable si on persévère un peu).

Jouabilité :  => les personnages répondent parfaitement aux commandes, et la prise en main est instantanée. Le mode deux joueurs est habilement géré.  L'interface est claire et fonctionnelle.

Intérêt :  => Konami a tenté une approche différente du jeu d'action / plates-formes et a pleinement réussi son pari. Ganbare Goemon est un titre plein d'humour, doté d'une ambiance dépaysante, d'un gameplay original, d'une jouabilité impeccable, d'un challenge intéressant, et d'une jolie réalisation. Cela fait de lui un jeu presque parfait, une merveille qui a tout pour séduire les joueurs, même les plus exigeants...

  Renversant !   Un autre boss

Note : la version occidentale de Ganbare Goemon s'appelle The Legend Of The Mystical Ninja. Par rapport à la version japonaise elle est malheureusement un peu censurée. Exemples : aux bains publics on ne peut plus choisir de rentrer dans la partie réservée au femmes, une scène de strip-tease a disparu, etc... Konami avait-il peur que nous prenions les japonais pour des pervers ? Certains éléments graphiques ont également été modifiés. Exemple : les plats traditionnels japonais ont été remplacés par des pizzas. Même si cela ne change pas grand chose au plaisir qu'on peut éprouver en y jouant c'est dommage car le jeu y perd un peu de sa "personnalité". Cela dit, cette version a tout de même l'avantage conséquent d'être traduite en anglais, ce qui nous permet de mieux saisir l'histoire.

Conseil : afin de pouvoir reprendre la partie au niveau où on l'a laissée, les agences de voyages fournissent des mots de passe qu'il faut retranscrire. Ceux-ci sont affreusement longs... si vous jouez sur émulateur, procédez plutôt à une sauvegarde (c'est beaucoup moins fastidieux).